Aujourd’hui je lui écris car jamais je n’ai pu lui parler.

Aujourd’hui  je me confie car mon deuil est fait.

Jamais il n’aura de prénom. D’âge, d’humeur ou de caractère.

Papa  ne le porteras pas sur ses  épaules en chantonnant.

Jamais de colère ou de larmes,  de caprices ou de malice.

Pas de petite souris sous l’oreiller, de jeux de société, de maitresse à l’école et ses félicitations.

Pas de copains survoltés à la maison le mercredi, de maman avec lesquelles papoter.

Pas de câlin sur le canapé devant Toys Stories, de moustaches de chocolat chaud ou de rollers à l’intérieur sous mes protestations.

Une pièce aurait été ta chambre, neutre, simple, chambre d’amis. Pas de jouets ici.

Et ça c’est moi qui l’ai choisi. Choisi pour cet être qui aurait pu prendre vie et occuper cet espace.

Mais le silence envahit les lieux. Ça ne me dérange pas.

Je me suis préférée  à lui. C’était lui ou moi. Mes études ou lui. Jamais je n’aurais pu jongler avec les deux. Ça me dépassait. Mais je ne regrette pas.

La vie est faite de choix.

On m’a dit un jour que choisir c’était sacrifier. Il fallait qu’un  de nous deux renonce à son futur pour préserver l’autre. J’ai choisi pour lui vu qu’il n’existait pas encore, mais qu’il se mettrait à vivre sous ma responsabilité si je ne faisais rien pour enrayer ça.

Ce fut éprouvant car ce n’était pas le genre de choix de gens de mon âge.

Un menu Big Mac ou Mac first ? Coca ou Ice tea ? Petite ou grande frite ?

Moi j’ai dû décider pour un avenir, jouer les sœurs Parque. Voilà j’ai coupé le fil naissant.

C’est dur mais c’est comme ça, fatalement. 

Jamais
Léna