C’est ma maman, mon grand, mon tout premier amour, celle qui fait le mieux des mamours. Si bien que je ne l’appelle plus jamais ni mère, ni Brigitte mais, justement, Mamour de Mamounette. Elle sait mieux que personne, depuis toujours, me materner, malaxer ma petite tête, me mitonner de bons petits mets. Quand je commence à marmonner, elle sait mâtiner mes maux d’adulte. Elle me dit : mollo, mollo, arrête de minauder, je suis là, moi, ta maman. Et ça va tout de suite de mieux en mieux. Le manque d’elle est omniprésent depuis que je suis une grande Moi. J’aurais préféré rester une toute petite moi, pour qu’elle me garde dans ses menottes. Mais c’est ça d’être majeure et émancipé, il faut savoir marcher droit devant.

Et puis un jour est arrivé, sans crier gare, un autre Mamour. Plus masculin, plus molletonné aussi et moins maternel (et heureusement en même temps). C’est un Dou-Dou. Tout doux, comme son nom l’indique mais aussi pétri de jolies drôleries, de diphtongues et de diverticules, rien que pour moi. J’étais d’dorénavant devenue une déesse chasseresse et ensemble, nous descendions des pentes de douceur, bien déterminés à détruire la dangereuse doyenne dépression qui le décourageait de temps en deux. Je découvrais alors, pour la première fois, ce que voulais dire être deux, véritablement deux mais sans aucune dualité et avec plein de déférence et le moins possible de non-dits. Dieu, que la découverte était douce.

J’avais jeté les D et j’avais trouvé le grand M.

                                                                                                                                 Adeline Lajoinie