Sophie Ducharme
J’ai dû cohabiter avec toi pendant tant d’années, ça m’a semblé une éternité.
Quel poids tu m’as fait porter tant par ce que tu contenais que par l’environnement où tu m’emmenais.
Quand je suis arrivée dans cette cour où tout le monde était entassé et encerclé par des bâtiments bétonnés, j’ai suffoqué.
Je me souviens encore du moment où je prenais ma place, toi à mes côtés, il me tardait déjà d’être à la fin de journée et pouvoir retrouver ma chambre et te ranger.
Tu as essayé d’être mon allié mais en vain pourtant à chaque rentrée j’avais ce doux espoir de t’égailler en te remplissant de stylos colorés, de beaux cahiers t’embaumant par leur papier…
Pendant le repas du midi et les récrés, je te quittais et te mettais dans ton espace réservé et un jour en venant te récupérer, je me suis cassé le poignet sur la marche verglacée. Vraiment tu pouvais y mettre du tien! je n’ai jamais su t’apprécier.
J’ai opté pour une solution: la fuite, me cacher, devenir transparente,
Telle fut ma devise.
Mais ça n’a pas marché, tous les matins, tous les soirs je te retrouvais sur mon dos à contre cœur.
Un poids que je portais qui m’accaparait moi, si fluette.
Mais aujourd’hui je t’envoie ce courrier pour te remercier de m’avoir quitté et laissé exister.
Merci du fond du cœur d’avoir enlevé ces chaînes pour me permettre de vivre.
Natacha