15 h. C’est à son tour. Lentement, Alfonso escalade la falaise et d’un pas souple, parvient en haut du promontoire. Le Pacifique est à ses pieds, 30 mètres plus bas.
Sous le soleil éblouissant, il tourne la tête à droite et à gauche. Les spectateurs sont répartis sur le rocher. Il les voit, les entend, capte même quelques phrases : « C’est sûr, qu’il faut une certaine dose de courage », « l’eau, à cette époque de l’année, ne doit pas être chaude, il n’y a pas de radiateur pour la chauffer …»
Alfonso est en mission. Il doit plonger du haut de cette falaise pour rentrer dans la légende des plongeurs d’Acapulco. Sa concentration devient intense. Il observe le mouvement de l’eau. Pas le moment d’avoir de trou noir, d’absence. Il doit à tout prix s’élancer au moment où l’océan se retire et atterrir quand les petites vagues apparaissent et recouvrent le rivage. Aucun écart, aucun décalage dans le timing n’est autorisé.
Alfonso prend son élan, les bras à 180 degrés, les pieds regroupés, pour 3 secondes de chute. Il arrive à temps pour être recouvert par la vague. Il est immergé, son corps n’a pas effleuré les rochers.
La sensation d’avoir volé est prodigieuse, énorme, intense. Il sourit béat, heureux d’avoir eu l’audace extravagante de parier.
Alfonso lève les yeux au ciel, auréolé de joie et de plénitude.