« Unique objet de mon ressentiment »…

lorsque je t’ai perdu

ou lorsque je m’égare,

quand tu ne marches plus,

quand tu me fais marcher,

quand tu me fais verser

aussi autant de larmes

qu’un printemps aux torrents

fait rouler de gouttes d’eau…

Car j’ai besoin de toi,

Autant que d’air, je crois,

Besoin de te toucher,

Besoin de te tenir,

De sentir tes rondeurs,

Là, au creux de mes doigts

Enlacés par amour,

Parfois par le chagrin

Ou juste quelquefois pour garder une trace :

            Raconter des histoires,

            Copier une recette

            Ou le cafard d’un soir

            Ou écrire une lettre

            Tu es là, mon fidèle,

            Pour que rien ne s’efface :

            Un prénom, une date

            Au dos d’une photo

            Ou ce menu copié

            Sur une serviette en papier

            Des post-it fixés

            Au pêle-mêle de ma vie

            Notes anti-oubli

            Il m’arrive parfois

            De me sentir abandonnée

 Alors que c’est moi        

Qui t’ai oublié

Au fond d’un sac

Changé par pure coquetterie !

Parce que l’autre est mieux    assorti…

            Mon pauvre « Petit Chose » qui,

            Pourtant gravé à mon nom

            T’es retrouvé contraint, forcé

            De me lâcher :

Toi qui m’a joué

Le coup de la panne

Séché comme un cul de    bouteille,

Sec comme un coup de canne

Privé de sens,

D’essence…

            Bref – à bout d’encre

            Tu ne m’avais pas dit

            Qu’il fallait que je veille

            A te nourrir un peu

            Et pas que de mes mots !

            Pardon, mon Petit Chose ;

            Nous avons partagé

            Tant de jours,

            Tant de nuits,

            Des chemins d’infortune

            A ces grottes d’oubli,

            Et mes lettres d’amour,

            Les mots que je tricote

            Pauvre vieille, le soir,

            Devant la cheminée

            Mais tous, et les plus beaux,

            Dans ces airs que je hume,

            Je sais : je te les dois,

            A toi, mon porte-plume.

Patricia
Chère chose