Hélène est allée dans la véranda, a attrapé sur une étagère le bloc d’argile qu’elle avait délaissé depuis plus d’un an. Il était encore humide heureusement. Il lui sera facile de le travailler.

Elle s’est mise à le pétrir, à le malaxer, à l’assouplir. Elle a éprouvé très vite un réel plaisir à le toucher, à le chauffer. Elle était à ces moments-là dans un temps suspendu, une bulle. Elle n’avait aucune idée de ce qui en ressortirait mais elle savait que les choses allaient se faire toute seules comme par magie.

Ses mains de plus en plus agiles retrouvaient les bons gestes et elle a réalisé qu’elle sculptait le visage jeune d’une fille. Elle prenait du recul sur son tabouret, se rapprochait, retouchait çà et là ; elle faisait tourner son plateau pour voir le visage sous tous les angles et modifiait encore : le front peut-être un peu moins bombé ou bien le cou pas assez long. Elle en était là de ses réflexions quand la porte s’est ouverte et sa fille Solène voyant la sculpture a dit : « Mais c’est moi, Maman ! » Le regard d’Hélène, surprise par cette réflexion, est allé du visage de sa fille à celui qu’elle avait modelé. Ses mains avaient façonné le visage de sa fille à son insu…

Christine