À grandes embardées, j’avale le ruban d’asphalte qui se déroule devant moi.

Je suis libre, cheveux aux vents, assise derrière le volant de ma décapotable, je dépote toutes les dévotes qui ont jalonnées cette route, le chemin de ma vie de femme libre, de femme libérée. Je ris de bonheur, de joie, mes zygomatiques libèrent mon visage d’un rayon de soleil, je suis invincible.

J’aime cet instant de toute puissance.

Je n’ai besoin de personne, armée de mon petit klaxon.

Je n’ai même pas d’empreinte carbone,

avec mon nouveau char Less Tonne

qu’un peu d’eau et d’air je ne consomme

Un panneau traverse mon champ de vision : péage à 2 km.

Je continue à fond, je libère la puissance de mon bolide. D’autres font de même, ils osent se mesurer à moi, challenge d’ego, je mets le turbo.

Un panneau traverse mon champ de vision : péage à 1 km.

Qui arrivera le premier ? J’accélère toujours plus vite, toujours plus vite, j’accélère encore, bats toi, avance toujours, avance.

Bvioum, péage passé à 272 km/h. J’ai gagné comme toujours.

Et dire qu’autrefois, ils s’arrêtaient au péage !

On n’arrête pas le progrès… Vive la voiture à eau !

L’eau de l’ego

Alain