Je suis devant, à attendre qu’on m’autorise à entrer. Cette porte, je la déteste ! Je ne peux jamais la franchir quand je veux. Il faut toujours attendre le bon vouloir des autres, ceux qui sont derrière.
Mais qu’ils fabriquent là-dedans que moi je ne peux faire ? Même le chat peut y entrer à sa guise, lui. Je le déteste aussi. Je voudrais la défoncer, mais elle est tellement grande, épaisse. Tout dans cette maison est grand. Les plafonds vont presque jusqu’au ciel. Il n’y a que moi de petit. Qu’est ce que j’ai fait de mal pour ne pas être grand ? Je sais que cela va durer un long moment avant que j’entre. J’imagine des tas de secrets derrière. J’ai beau m’approcher, je n’entends rien. Il y a un épais tissu dessus, même les sons ne sortent pas sans y être invités.
Peut être un jour, j’irai de l’autre coté, là où il y a une fenêtre donnant sur le jardin. Si je monte sur quelque chose et me hisse sur la pointe des pieds, je pourrai peut-être voir.
Et si quelque chose se passait ? Par exemple j’appelle au secours, ou bien je casse tout ce qui est de ce coté. Ils finiraient bien par ouvrir !
Ça m’énerve d’attendre. J’ai besoin de parler à maman. Pourquoi elle se cache là-dedans ? Surtout que je le connais cette pièce. Un bureau, deux fauteuils, un canapé et des livres partout. Si elle lit, elle peut laisser la porte ouverte. Mais qu’est-ce qu’elle fiche ?
Je tripote la poignée tant et plus. C’est fermé, c’est sûr. Quand je serais grand, j’aurai une maison sans porte, pas une seule !
Ah enfin, la clef bouge dans la serrure. Et la porte s’ouvre.
– C’est toi qui fais tout ce raffut ?
– Bonjour Mr le curé.